Les tours Gênoises


La Corse fut ceinturée, au XVIème siècle, par des tours sur l’ordre de la République de Gênes, pour la protéger contre toutes attaques ennemies. La Balagne ne fut pas épargnée et Lumiu en possède deux : l’une au lieu dit Pointe de Spanu et l’autre à la pointe de Caldanu.



Tour de Spano
Tour de Spano

La période de domination Italienne (1000-1729)

Au XIème siècle la Corse est libérée des Sarrasins par les Gênois et les Pisans : ainsi débute l’occupation pisane. Gênes enlèvera la Corse à Pise en1284 suite à la bataille de la Meloria et écartera le royaume d’Aragon en 1420. Devant les difficultés à maintenir son pouvoir en Corse, la République de Gênes cèdera en 1453 la gestion de l’île à une puissante banque génoise : l’Office de Saint Georges, dont les objectifs consistent à défendre et administrer l’île.
Cependant durant la période de 1553 à 1559, l’île connaîtra les premières ambitions Françaises puisque les troupes de Henri II y débarquent sous les ordres de Sampiero Corso. Le traité de Cateau-Cambrésis (3 avril 1559) rend la Corse à Gênes.

Constatant que la Gestion de la Corse faite par l’Office de Saint Georges est mauvaise (ce dernier ne s’employait essentiellement qu’à l’exploiter comme une colonie au grand ressentiment des Corses), Gènes mettra fin à sa mission d’administration en 1562, et reprendra sa domination dans l’île, qui entrera dans sa seconde période génoise jusqu’en 1729, début de la « guerre de quarante ans ».

La République de Gênes dominera l’île durant plus de quatre siècles et demi.

La Corse au XVIème siècle

Le péril barbaresque va marquer fortement de son empreinte les régions côtières de la méditerranée et tout particulièrement les îles.
La Corse, elle aussi, connaît durant la première partie du XVIème siècle une grande période d’insécurité. Durant cette période elle est en permanence menacée. Les populations fuient le littoral et se réfugient vers l’intérieur.

Face à cette insécurité grandissante, l’Office de Saint Georges enverra en septembre 1531 deux commissaires extraordinaires chargés d’examiner la défense et la protection de l’île. Il sera conduit à modifier sa politique de défense et devra arrêter un plan de construction des tours afin de protéger les 1000 kms de côtes.

Ce programme qui avait débuté vers 1510 ne connaîtra son plein essor qu’entre 1530 et 1620.
Afin de financer cet ambitieux programme, l’Office de Saint Georges, après avoir convaincu les nobles douze, imposera au gouverneur de l’île une augmentation de l’imposition sur le sel « de un solde par baccino ».

C’est donc avec l’augmentation du prix du sel que la population corse paiera sa sécurité. Cependant le système d’inféodation gênois, s’il a permis le développement des tours du littoral, fût durement combattu par les Corses propriétaires des terres inféodées.

La guerre de Corse 1553-1559 menée par la France et Sampiero ainsi que les attaques barbaresques de plus en plus intenses ravagent l’île. La République, forcée de constater l’échec de la gestion de l’île par l’Office, se verra contrainte d’en reprendre l’administration.

Programme de la République 1562-1620

En 1562 la république de Gênes ayant repris l’administration de l’île, relance le programme de construction des tours.
Le sénat gênois crée le 27 novembre 1571 un organisme « le Magistrato delle seminiere e delle fabriche delli torri » qui se compose de quatre membres tous issus de la noblesse gênoise. Même si ses objectifs sont larges, cet organisme est principalement chargé de s’intéresser à la sécurité de l’île, construction et entretien des tours. Pour cela, il sera également tenu de se rapprocher de l’office Saint Georges à travers l’office du sel.

Un document très important appelé « la distinzione delle torri » sera établi afin de définir avec précision les lieux où doivent être construites les futures tours. On considère ce document comme « le plan d’ensemble des constructions ».

Lumiu nous offre deux tours d’architectures différentes construites sur son territoire :
  • une ronde « la tour de Spanu » (propriété DDE ?)
  • l’autre carrée « la tour de Caldanu » propriété du Ministère de la Défense


La Tour de Caldanu

La tour de Caldanu sur la commune de Lumiu. Elle porte le nom du lieu sur lequel elle est édifiée «Punta Caldana».
Sa construction de type carré, comme les tours de la Giraglia, de Porto, de Cala Rossa, de Toga, éveille notre intérêt : leur nombre est bien moins élevé que les tours rondes, et il en reste peu en bon état. Certaines ont d’ailleurs totalement disparu comme la tour de Toga (à Bastia) pour cause d’urbanisation.

Même si le contrat pour sa construction fut passé en 1579, sa construction ne débutera que 12 ans plus tard.
La demande concernant la construction de la tour de Caldanu fera l’objet d’une requête en 1587-1588. Obligation sera passée en 1591 pour qu’elle soit construite. Sa construction s’achèvera en 1592.

Elle a été construite à la demande de la population qui réclamait plus de protection contre les raids barbaresques. Mais la tour n’avait pas pour unique vocation de signaler l’imminence du danger. Elle servait également à orienter et à protéger les navires qui, lorsqu’ils étaient surpris par les tempêtes, venaient alors s’abriter dans la baie.















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